Lorsque j’arrive à Antibes je suis repris par cette Antiquité, ça me prend et ça me reprend comme les poux

Picasso (cité par Dor de la Souchère)

Ainsi, selon le peintre, à l’été 46 la triade du faune, de la nymphe et du centaure célébrant la Joie de vivre sur les murs du château dressé sur l’ancienne acropole de l’antique cité grecque d’Antipolis, mis à la disposition du peintre par Dor de la Souchère, serait née comme par contagion de l’esprit de l’Antiquité méditerranéenne si présent dans ces lieux…

C’est un nouvel Age d’Or qui apparaît sur le panneau si bien nommé du Musée d’Antibes, comme l’espoir d’une  paix qui durerait toujours dans un paysage édénique. Rompant avec les douloureuses années 30 et la gravité des années de guerre, le bleu de la mer et du ciel, l’ocre du sable, envahissent l’espace pictural et le souffle de la liberté d’aimer fait danser au son de la diaule du faune musicien un petit peuple d’insouciantes créatures mythologiques. Sous le charme de Françoise, sa jeune compagne, « la femme-fleur » qui porte son enfant, Picasso veut transmettre l’évidence d’un bonheur retrouvé dans la lumière du Midi méditerranéen.

Le faune, antique divinité des forêts aux pieds de chèvre et aux deux cornes, aura dans ces années-là un visage d’une rondeur enfantine, souriant et facétieux, le différenciant du satyre, et la nymphe, au son de sa flûte, pourra danser sans peur. Omniprésent sur les murs du palais Grimaldi, sur le panneau de la Paix de la Chapelle de Vallauris où il est perché  sur un coquillage, sur les plats de céramique crées dans l’atelier Madoura, ou encore sur le sable de la plage de Juan-les-Pins où Picasso le dessine du bout de son bâton, comme sur la célèbre photo de 1953, il est l’emblème d’un monde réconcilié et confiant dans son avenir.
 

Inauguration “en jazz” de l’exposition Faunos Buitrago del Lozoya Juillet 2013

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