Étreintes – Hommage à Picasso Vallauris-Buitrago IV – 2014 – En mémoire de Pierre Arias

21 Juin – 6 Octobre 2014 | Salle Municipale d’exposition de Buitrago del Lozoya

 

L’art n’est jamais chaste

Picasso

 
Picasso déclarait volontiers qu’il peignait comme on écrit son journal intime. Or sa vie a été une succession de conquêtes féminines d’où la tentation dans de nombreuses études sur son œuvre de présenter les différentes étapes de sa peinture comme allant de pair avec l’immortalisation d’une nouvelle muse. Chacune de ses rencontres avec les sept femmes qui ont le plus compté dans sa vie correspond en effet à une évolution de sa technique et des thèmes abordés, avec souvent le choix d’un nouvel alter ego, Arlequin, le Minotaure, le Faune , peut-être aussi d’un nouveau masque à ce moment-là.

Voilà qui permet de mettre un peu d’ordre dans la production des quelques vingt mille œuvres qu’il nous a laissées mais qui ne suffit pas à rendre compte d’un courant profond, continu et immuable depuis ses carnets de dessins de l’adolescent à Barcelone qui fréquente les maisons closes jusqu’aux séries des Baisers et des Couples qui ont tant scandalisé dans les expositions d’Avignon de 1970 et 1973. Picasso aime à peindre en effet la passion des amants, l’intensité érotique de la fusion des corps amoureux, dans la tendresse, souvent dans la violence et, à la fin de sa vie, dans l’angoisse du vieillissement. Mais dans les innombrables Etreintes qu’il offre au spectateur ce n’est pas tant la femme aimée qu’il représente mais un certain rapport avec la femme, jamais totalement possédée quel que soit la brutalité ou la violence de la relation … sinon dans la représentation qu’il en fait.

Certes Eros est toujours présent chez Picasso, quel que soit d’ailleurs le sujet représenté. L’exposition « Picasso érotique » du musée du Jeu de Paume (2001) n’affirmait-elle pas que chez lui « la création procède toujours de la pulsion sexuelle »? C’est peut-être la série de dessins de 1968 «  Raphaël et la Fornarina » (qui met en scène le peintre et son modèle et amante dans l’atelier) qui permet le mieux de comprendre que, pour lui, la rencontre amoureuse c’est au bout du compte la rencontre du peintre avec la toile : l’activité érotique se retrouve toute entière dans l’activité créatrice.